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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/81

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

Lui, pris d’une rage folle, m’écrasait sur le divan et ses mains immondes déchiraient mon corsage et mes jupes ; d’un effort violent, il fit sauter mon corset, cependant que ses lèvres goulues s’appliquaient sur mes seins et que ses dents de fauve me criblaient de morsures. Mes ongles crispés sur ses joues s’implantaient partout et déchiraient la peau, mais il ne sentait pas la douleur, dans sa folie. Et toujours, dans cette lutte atroce, ses mains qui arrachaient les jupons, qui froissaient les dentelles et qui montaient plus haut, plus haut toujours, malgré ma défense et mes efforts surhumains.

Peu à peu, la lutte faiblit : j’étais anéantie, meurtrie et sans forces, presque évanouie.

Maintenant que mon esprit est plus calme, je revois mieux la scène, je puis me rendre compte, enfin ; mais à ce moment, je ne voyais, je n’entendais plus rien, affaissée, comme morte.

Et soudain, une douleur, un déchirement terrible me jeta, pantelante et domptée ; je sentais une chose immonde, énorme, invincible qui me pénétrait, qui me torturait dans une souffrance atroce mêlée de dégoût et de