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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/87

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

qu’ayant reçu un télégramme, je devais rejoindre mon fiancé le plus tôt possible. Mon fiancé ! oh ! les belles épousailles qui m’attendaient !

Et je mentis. La duchesse parut navrée ; elle me gronda doucement de l’abandonner ainsi, et elle me fit un superbe cadeau.

Elle ne voulait pas me laisser partir, prétextant mon malaise, et je dus lui jurer que je me sentais beaucoup mieux.

Le moment le plus pénible de la journée fut le dîner. Je n’avais pu refuser, faute de prétexte, d’assister pour la dernière fois au repas familial et je crus m’évanouir encore lorsque le grand-duc parut. Sans montrer le moindre trouble, il s’assit à sa place et rejeta sur la maladresse de son coiffeur les égratignures qui marquaient ses joues.

Je faisais des efforts surhumains pour contenir mon émotion et pour ne rien laisser paraître de l’agitation de mon âme ; je touchai à peine aux plats, malgré les prières pressantes de la duchesse. Alexis me taquinait, surpris de mon silence et de ma gêne. Ce supplice prit fin cependant lorsque le grand-duc quitta la table. À mon tour, je m’empressai de