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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/88

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

prendre congé de la duchesse que je ne devais plus revoir et j’emmenai Alexis. Serge, encore couché, voulait me retenir et je dus lui promettre mille gâteries pour échapper à ses prières.

J’eus vite fait de boucler ma malle ; ma garde-robe était peu fournie et j’avais besoin de si peu de choses. En somme, bien munie d’argent, je pouvais envisager l’avenir sans trop de craintes.

Mais j’avais été trop bouleversée par tout ce qui s’était passé, pour entreprendre immédiatement ce long voyage du retour ; j’étais malade ; je souffrais encore de l’agression brutale du grand-duc ; j’étais toute courbaturée, toute déchirée, toute meurtrie. Il me fallait quelques jours de repos. N’avais-je pas besoin de forces physiques, maintenant que la grande lutte allait commencer !

Le lendemain, au matin, je partis et je me fis conduire à l’Hôtel de France ; je voulais rester là deux ou trois jours, puis je quitterai à tout jamais le sol odieux de la Russie où j’étais tombée…

Ah ! quels espoirs en arrivant ! Quelles désespérances, au retour ! Pauvre de moi !…