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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/92

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

écrire tout de suite. Et v’lan, je saute de mon lit, en chemise ; le papier ? Ah ! là. Et la plume ? Où diable est ma plume ? Qui est ce qui m’a pris ma… La voilà ! Je m’applique à tracer une belle anglaise aristocratique… gouvernante… musicienne… fille de pasteur… demander renseignements à monseigneur le grand-duc Alexandre…

Si elle allait lui écrire, cependant ! Ah ! bah, il ne pourra que lui répondre que je suis une personne tout ce qu’il y a de plus séduisante, tout ce qu’il y a de plus parfaite, une perle quoi ! Il est payé pour me connaître, ce sale Russe.

Mais elle ne lui écrira pas. Est-ce qu’on écrit à une Altesse ? Il suffit que j’aie été admise dans sa maison, n’est-ce pas ?

Vite, mon peignoir, mes pantoufles.

— Joseph, Joseph…

— V’là, mam’selle, v’la…

— Vite, portez ça à la poste, mais vite, tout de suite.

— On y va, mam’selle, on y court.

Ouf ! ma lettre est partie. Dieu ! Je vais avoir la fièvre, bien sûr. Pourvu qu’elle réponde, cette artiste. Et je me la figure très jeune, très