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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/93

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

entourée, très choyée, dans un joli petit hôtel de la plaine Monceau… Chaque soir, je l’accompagne à son théâtre, à la Comédie-Française, évidemment, et je fais les honneurs de sa loge à ses admirateurs, à ses amis, à ses amants, peut-être… Elle m’aime et nous sommes une paire de camarades, des inséparables, des sœurs…

Dieu, que c’est bête ! L’annonce date de trois jours. Bien sûr qu’elle a dû recevoir pas mal de lettres, l’artiste. Elle ne me répondra pas. J’ai vu le journal trop tard.

Pourquoi ne l’ai-je jamais ouvert, ce Supplément-là, puisqu’il a des annonces ?

Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit, bercée alternativement par des espoirs fous et des explosions d’incrédulité. Et pourtant, qui sait…

Je passe la journée à courir les magasins et à lire les offres d’emplois, sur les murs. Je rentre à l’hôtel, un peu lasse, vers huit heures.

— Joseph, ma clef.

— V’là, mam’selle, avec eune lettre qu’a sent ben bon pour vous.

— Donnez vite, mais donnez donc, idiot. Quatre à quatre, je monte l’escalier.