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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/95

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

À une heure, le lendemain, j’étais déjà prête. Ma plus belle robe, mon chapeau le plus coquet, des gants neufs, une ombrelle en dentelle… J’étais vraiment très bien, avec un certain air de distinction et de sobre élégance. L’émotion colore mes joues ; mes yeux brillent…

Une heure et demie. Je prends un fiacre, pour ne point paraître lasse devant Mme Cécilia ; il fait un temps magnifique, pas trop chaud, avec une légère brise. Les cantonniers inondent la chaussée pour abattre la poussière. Mon cocher sifflote entre ses dents, tout en poussant Cocotte ; au moment où nous pénétrons dans l’avenue des Champs-Élysées, je me sens prise d’un trac formidable ; mon cœur bat à coups redoublés et j’ai presque un instant de faiblesse. Nous arrivons… encore quelques pas… Voilà le 13 ; c’est là.

Je monte lentement les marches du grand escalier ; il est deux heures exactement ; à l’étage, je tire le pied-de-biche doré ; une jolie soubrette, fine et gracieuse, me fait entrer au salon et va prévenir Madame. Mon émotion redouble ; j’ai presque envie de fuir. Pour