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Page:La belle Cauchoise, 1788.djvu/12

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toutes mes folies et de mes dérèglements. Ces deux mots suffiront à mon lecteur, pour que je doive lui faire l’aveu de ma profession.

Je suis putain, je le déclare ingénuement ; après tout, est-ce un mal ? Car enfin, rapprochons les idées, qu’est-ce que le putanisme ? C’est un état dans lequel on suit la nature sans lui mettre de frein. Après cela, une putain est-elle un être si méprisable ? Que dis-je ? Ne pense-t-elle pas mieux que les autres femmes ? Elle connaît à fond la nature ; elle en suit les impressions, quoi de plus raisonnable ? En voilà assez, je crois, pour prouver l’excellence de mon état. Au reste, qu’on ne n’en demande pas davantage : je suis incapable d’appuyer ce que je dis par de grands et solides raisonnements. J’ai toujours détesté les longues phrases ; pourvu que je me fasse entendre cela me suffit ; ainsi donc, je le répète, j’entre en matière sans autre préambule.

Ma naissance n’a rien de fort illustre : cet aveu naïf n’est cependant point ordinaire dans les femmes de mon état. Je connais beaucoup de mes chères et véné-