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Page:La belle Cauchoise, 1788.djvu/14

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sans jusqu’à l’âge de 12 ans, jusque-là mes occupations les plus sérieuses avaient été d’apprendre à lire et à écrire ; je ne savais que cela, mais passablement pour le pays. Mon père et ma mère me voyant grandir à vue d’œil formèrent la résolution de me faire travailler ; ils crurent que je pourrais les soulager, mais j’étais naturellement fainéante ; c’est de ce penchant inné dans toutes mes semblables pour la paresse, je le dis en passant, que j’ai tiré tant d’amour pour ma profession ; n’étant bonne à rien chez mon père, il résolut au moins de m’encourager en m’envoyant à la ville ; il y avait longtemps que je désirais d’aller au marché, on me fit acheter cette satisfaction par bien des pleurs et par bien des chagrins domestiques.

Un jour vint enfin, où mon père me chargea d’un panier d’œufs pour aller les vendre au Hâvre. J’y allai avec une gaieté admirable, mais je la perdis bientôt devant tous ces beaux messieurs de la ville. Que j’étais folle dans ce temps-là ! et que je suis différente aujourd’hui !

Parmi les personnes que mon père m’a-