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Page:La belle Cauchoise, 1788.djvu/20

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ses maximes et des préceptes aussi indulgents que les siens. La maison de la couturière est le premier théâtre où je vais me former au plaisir. Ce fut mon noviciat dans le mystère de l’amour.

Je l’avoue franchement, cette maison frappa d’abord mes yeux, qui, il est vrai, n’était point accoutumés aux grands spectacles : une simple chaumière, une cabane un peu meublée m’aurait paru jusques-là quelque chose de beau, mais quand j’en fis la comparaison avec l’appartement que mon amant me donnait, j’en sentis à l’instant le contraste, et la gaieté s’empara bientôt de mon âme ; la perspective d’un avenir flatteur me séduisit au point que je me crus heureuse pour jamais. Temps heureux ! où le passé n’est plus pour nous qu’un vain songe, où le présent nous tient lieu de félicité, et où l’avenir paraît un trésor sûrement acquit, un tribut dû au charme et aux plaisirs dont nous paraissions énivrer nos amants, qui, de leur côté, savent y mettre le comble par des promesses d’autant plus flatteuses, qu’elles semblent être le but et le sceau du bonheur pour eux et pour nous ; c’est ce que