cœur ; mais mon état me paraissait alors
plus doux que le leur, car j’étais tranquille
et je vivais sans trouble, sans inquiétude,
indolente même jusqu’à la paresse ;
mon unique occupation consistant,
pour parler bien clairement, à jouir avec
mon amant des plus doux plaisirs de l’amour.
En conséquence, j’évitais le plus
grand monde pour n’être point aperçue
et peut-être obligée de retourner à mon
triste village.
Ce fut ainsi que six mois se passèrent sans que je visse personne que mon amant. J’étais assurément bien sage, car une femme doit être reconnue pour telle tant qu’un homme est seul à lui rendre ses hommages ; mais cela ne dura pas longtemps, le moment ne tarda pas à venir où mon amant ne put plus suffire à satisfaire tous mes désirs ; après l’avoir épuisé de toutes manières, il fallut bien avoir recours à d’autres, et comme malheureusement pour lui, l’occasion se trouva des plus belles un jour, je ne manquai pas d’en profiter. Voici le fait :
Un jeune cavalier grand et très-bien fait (il était, je crois, capitaine d’infanterie),