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Page:La belle Cauchoise, 1788.djvu/23

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Si je ne l’eusse pas fait alors, aurais-je à présent tant d’expérience sur cette variété de plaisir que le public vient savourer dans mes différents réduits ? Non, sans doute ; qu’on cesse donc de me faire un crime de ce qui, selon moi, devrait être et a été mon plus grand bonheur, de ce qui m’a mérité les plus grands suffrages des plus fins connaisseurs en ce genre par le titre glorieux et flatteur qu’ils m’ont donnée d’être la Nymphe du jour, autrement dit la Fouteuse par excellence.

Mon cher lecteur, en me voyant ainsi séparée de mes parents, s’attend sans doute que je vais lui peindre leur douleur de m’avoir perdue et les soins qu’ils prirent pour me retrouver : je me crois totalement dispensée d’entrer dans un tel détail : à parler clair, du moment où je fus chez la couturière, mes parents ne me firent plus rien, et je n’entendis plus parler d’eux ; s’ils m’occupèrent quelque fois l’esprit, ce fut uniquement pour plaindre leur sort, dans l’espoir de l’améliorer un jour et de satisfaire par là aux devoirs de la nature, et mériter leur indulgence pour mon escapade par le sentiment de mon