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Page:La belle Cauchoise, 1788.djvu/28

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voilà, monsieur, vous avez été bien longtemps en ville.

Sans me répondre, il se contenta de me regarder avec beaucoup de froideur.

— Ah ! Monsieur, je suis perdue, dis-je à l’officier.

— Comment, me répondit-il, cap de biouw ! Je boudrai vien boire

Je crus ce mouvement fort naturel, et m’imaginai que mon premier amant allait être réduit en poussière.

Calmez-vous, lui dis-je alors, et je vis au moment même mon homme redevenir plus tranquille. Le fils du procureur était entré dans mon cabinet, et l’inquiétude où j’étais m’engagea à y entrer également, afin de l’amadouer et de chercher à le retenir. L’officier fit pendant ce temps ses affaires avec la couturière, et puis il décampa, sans chercher seulement à me consoler. Je ne l’ai plus jamais vu depuis cette époque.

Mon amant garda pendant le souper un morne silence : de mon côté, je ne le rompis point non plus ; j’étais trop simple pour penser à le faire. Il se coucha sur les neuf heures, et j’allai me mettre à l’ins-