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Page:La belle Cauchoise, 1788.djvu/29

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tant à ses côtés, mais au lieu de me présenter comme à l’ordinaire, l’instrument de nos plaisirs dans une attitude brillante, mon amant me tourna grossièrement le derrière ; je ne fis pas semblant de m’en apercevoir, et je restai tranquille. Hélas ! je ne savais pas alors ramener un amant irrité : j’ignorai complètement l’art supérieur de forcer un homme à foutre malgré lui. Aussi cela n’est-il réservé qu’aux putains professés, tandis que moi, à cette époque de ma vie, j’étais encore à mon noviciat, et, comme vous pouvez fort bien vous l’imaginer, je payai chèrement mon ignorance.

Je songeai toute la nuit au petit bonjour que j’attendais, mais nèante. Le lendemain je fus encore trompée, car je n’en reçus aucun. Je me contentai de soupirer jusqu’à midi. Mon amant revint alors gai et joyeux de la ville, et dit qu’il voulait me mener quelque part dans l’après dînée, où j’aurais bien du plaisir : ma réponse fut que je le suivrais partout : à peine me donna-t-il le temps de dîner et nous sortîmes sur les deux heures ; il me conduisit par des chemins détournés dans une petite