sageais comme mon tombeau, me troublaient
et répandaient dans mon âme et
dans mon esprit l’humeur la plus triste et
la plus mélancolique. Mon parjure amant
était au contraire d’une gaieté charmante ;
quel contraste ! Aussi, la couturière qui ne
savait à quoi attribuer tout ce qu’elle
voyait, était-elle excessivement intriguée ;
je m’aperçus de son inquiétude sans pouvoir
l’instruire de rien ; elle cherchait les
moyens de me dissiper. Il me fut impossible
de sauver cette fille non plus que moi,
malgré les envies que j’en avais, et elle
fut enveloppée dans ma disgrâce. Mon
père vint le lendemain avec un ordre de
M. le procureur du roi pour m’enlever
avec ma prétendue maquerelle, et l’on
nous conduisit à la Providence ; c’est comme
qui dirait les Madelonnettes ou Saint-Lazare
à Paris.
On est surpris avec raison de voir paraître ici l’auteur de mes jours ? Qui pouvait lui avoir dit où j’étais, et ce que je faisais ? Pouvais-je soupçonner mon amant capable d’une action si noire ? Il en était cependant l’unique et seul auteur, comme je l’appris alors de la bouche de mon père.