Aller au contenu

Page:La belle Cauchoise, 1788.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 28 —

Ce coquin avait eu soin de faire savoir à mes parents par un de leurs amis que j’étais chez Trupador, couturière et maquerelle, rue de la Poissonnerie, et que je m’y livrais au premier venu ; mon père qui ne soupçonnait pas ma cohabitation avec le fils du procureur, le regardait comme le plus honnête des hommes : sans lui, me dit-il, tu étais perdue pour toi et pour moi, ma fille, je lui ai, ajoutait-il, de bien grandes obligations,

Je me serais trouvée fort heureuse si mon père s’en fut tenu à ces réflexions ; mais il voulait que je fisse pénitence, et sans consulter mon goût, il m’envoya sous bonne escorte dans un lieu de correction pour les femmes ou filles libertines. J’y fus accompagné de ma pauvre couturière, que je plaignais plus que moi ; je l’ai toujours chérie dès-lors, on en verra les preuves dans ces mémoires, et généralement parlant, qu’une putain a toujours le cœur excellent.

On a déjà vu avec quelle simplicité je m’étais abandonnée à mon scèlérat d’amant. Il est vrai que je lui étais infidèle, mais en était-il sûr : d’ailleurs, quand ma