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Page:La belle Cauchoise, 1788.djvu/47

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et de la religion. Ainsi, toutes les fois que j’allais chez Prudence, c’était sous prétexte d’apprendre à travailler, c’était pour en recevoir les leçons de la plus austère sagesse : d’ailleurs, toujours plongée en apparence dans la dévotion, à peine souriais-je en public ; ce n’était que dans les bras de la bonne et aimable Prudence que je me déridais, que j’étais vive et gaie. C’était là le fruit des leçons de ma tendre amie, que de vertus simulées avaient élevée aux emplois de sa communauté comme des vertus supposées m’en firent sortir en ce moment.

En quittant cette maison j’aurais beaucoup souhaité qu’on m’eût rendu ma couturière ; mais soit qu’elle manquât de protection, soit qu’elle ne sut pas se masquer suffisamment, ce qu’il y a de certain, c’est qu’elle fut condamnée à y rester encore quelque temps.

Me voici donc maintenant encore une fois libre. De quel côté tournerai-je mes pas et mes démarches ? Cela inquiète mon lecteur, j’en suis certaine. Sera-ce dans le pays de Caux ? Sera-ce au Hâvre, où j’ai essuyé tant de revers ? Est-ce là que j’irai