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Page:La belle Cauchoise, 1788.djvu/46

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par de nouveaux plaisirs. Je me serais cependant ennuyée dans ce couvent, si l’espérance d’en sortir ne m’avait pas soutenue. On a vu que Prudence m’avait promis de s’employer pour cela. Elle exécuta religieusement sa promesse. Nos plaisirs n’étaient point pour elle quelque chose de si sérieux qu’elle ne pensât à ma liberté. Elle fit parler sous main à mon père, qui ne fut jamais d’avis de me laisser sortir. Prudence ne pouvant rien faire de ce côté-là représenta à ses supérieurs que j’étais bien changée ; elle ajouta que me retenir plus longtemps serait me faire tort pour la suite. Cette bonne fille fit si bien que je sortis de la correction quatorze mois après y être entrée. Nous nous dîmes un adieu ; on s’imagine assez de quelle façon. Mais, dira le lecteur, est-il concevable que dans une maison bien disciplinée une fille ait pu se donner tant de plaisirs ?

J’avoue qu’il est difficile d’ajouter foi à ce que j’avance concernant ce couvent ; mais qu’on fasse attention que toutes les démarches que je faisais étaient supposées faites pour mon instruction et pour mon avancement dans la pratique de la vertu