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Page:La belle Cauchoise, 1788.djvu/53

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Enfin arriva cette grande et fameuse journée. Je me lavai encore le matin du haut en bas. Sur les dix heures nous prîmes un carosse, c’est-à-dire un fiacre. Ah ! l’infâme voiture ! Et du faubourg Saint-Honoré nous allâmes rue de Cléry, quartier Montmartre ; nous descendîmes à une porte cochère : mon maquereau y était parfaitement connu, car il monta tout droit chez le maître de la maison. J’attendais tranquillement que l’on m’appelât, lorsqu’un laquais vint insolemment me dire que je pouvais, si je voulais, monter chez Monsieur.

J’entrai dans un appartement magnifique ; je vis que j’aurai affaire à un des plus grands financiers de la capitale. Prudence m’avait dépeint l’opulence de ces prétendus honnêtes gens. Je crus y reconnaître en lui tous les signes et les caractères qu’elle m’en avait donnés. Je ne me trompai point : il avait pour le moins cinquante ans, il était assis dans un fauteuil qu’il remplissait de l’ampleur de son embonpoint ; du reste, il était, ainsi que le sont presque tous les gens de cette classe aujourd’hui fort mal menée, en France