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Page:La belle Cauchoise, 1788.djvu/54

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surtout ; il était, dis-je, laid à faire peur, ce qui m’effraya d’abord un peu.

— Approchez, ma fille, me dit-il.

Je m’approchai humblement du fauteuil. — Que vous êtes aimable, poursuivit le lourd financier, en me passant d’une manière pesante la main par dessus la gorge. Oui, vous me plaisez beaucoup ; revenez demain matin, je vous prouverai ce que je sens pour vous.

Au sortir de chez cet honnête homme-là je ne pus m’empêcher de témoigner le peu de goût que j’avais pour cette vilaine figure épaisse de la finance. Ma simplicité le fit éclater de rire, mais par des raisonnements mon maquignon parvint à me convaincre de la nécessité où j’étais de me livrer au financier.

J’appris alors l’altercation singulière que mon pucelage avait occasionné entre le montrant et l’acheteur : On se rappelle que le premier l’avait fixé à trente louis, ce qui étonnait un peu notre homme de finance, qui ne voulait pas entendre raison. Cependant, ce qu’il venait de dire en nous congédiant nous paraissait favorable ; nous en tirions des conséquences flatteu-