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Page:La belle Cauchoise, 1788.djvu/57

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rendis qu’après m’être assez longtemps défendue ; mais je fus enfin enfilée avec toute la peine que peut désirer le plus grand et le plus fort amateur de pucelages : mon Crésus ne vit guère, sans être émerveillé, couler du sang qu’il prenait pour un véritable présent de la nature.

Après m’avoir pendant[ws 1] au moins un grand quart d’heure, ou plutôt après m’avoir harcelée, il se leva enfin, me baissa mes jupes promptement, et appela ses domestiques, auxquels il commanda de faire approcher la voiture, et par le moyen de son équipage qui était leste, nous fûmes à la Rapée, où nous dînâmes ; le repas fut magnifique, rien n’y fut épargné, et nous fûmes servis très-splendidement. L’après-dîner se passa bien aisément sans doute, car nous ne revînmes chez nous que sur les huit heures du soir sans que je me fusse aperçue comment le temps s’était écoulé ; lorsque j’entrai dans mon appartement, je respirai une odeur des plus agréables qui m’annonçait un excellent souper : Qu’est-ce que cela signifie, dis-je à mon nouvel amant ? Est-ce que nous soupons ici ? Oui, mon cher cœur, me répondit-il

  1. Note de Wikisource : Il faut lire ici "Après m’avoir tenue pendant" et non "Après m’avoir pendant" cf. édition de 1822, p. 58 : Gallica