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Page:La belle Cauchoise, 1788.djvu/63

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embarrassée de lui faire tenir une lettre ; j’avais une amie rue du Petit Lion, qui était entretenue par un financier, ami du mien ; je lui fis part de mon dessein qu’elle combattit longtemps, mais enfin, voyant mon entêtement, elle consentit à remettre au comte le billet suivant :

« On vous aime et vous êtes froid à l’extrême, on tâche de vous faire parler et vous restez toujours muet. Une femme, quelle singularité ! est enfin forcée de vous écrire pour vous apprendre l’empire que vous avez sur elle. La devinerez-vous ? J’appréhende que non, j’aime donc mieux vous dire que la Morancourt vous adore. »

Le billet fut très-fidèlement remis, il le reçut et en fit la lecture avec plaisir, il se reprocha de ne m’avoir pas prévenue : le commerce que j’eus avec le comte pendant six mois me dédommageait bien agréablement de mon aversion pour le financier. Ce commerce aurait sans doute duré bien plus longtemps encore sans une catastrophe à laquelle nous donnâmes tous les deux occasion, sans cependant l’avoir méditée d’avance.