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Page:La belle Cauchoise, 1788.djvu/64

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Un jeune abbé poupin, grand connaisseur en filles, m’avait lorgné au spectacle ; il fit si bien qu’il eut dès le lendemain son entrée libre chez moi ; à l’entendre il brûlait du plus constant amour, aussi mit-il tout en usage pour m’en convaincre. Il s’aperçut à merveille de la cause de mon insensibilité pour lui et se douta de mes intrigues : il ne mit guère plus de huit jours à les connaître à fond ; les disciples de l’Église ont le diable au corps, surtout quand il s’agit de faire du mal. Celui-ci persuadé que j’en voulais au comte, m’en parla d’un ton amer ; il eut même l’insolence de me dire que si je ne lui accordais pas bientôt mes faveurs, il allait tout dévoiler à mon amant.

Je ne répondis à ces grossières menaces que par un air de hauteur, de mépris ; je fis part au comte de mon aversion pour l’individu au petit collet.

Ils se trouvèrent tous deux chez moi le lendemain : C’était un plaisir que de les voir : ils se dévoraient des yeux, ils restèrent jusqu’à huit heures et demie. J’appris le lendemain par la bouche du comte qu’il avait vengé sur les épaules de