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Page:La belle Cauchoise, 1788.djvu/69

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Quelques jours après je priai le comte de m’acheter lui-même une bonne et copieuse dose de Nenuphar ; vous serez témoin de l’usage que j’en ferai.

Huit jours après mon financier s’en fut à la campagne, il me fit les plus tendres adieux, car la dernière nuit que je couchai avec lui, il me baisa quatre fois en plein, c’est-à-dire, que mon pauvre bijou suça quatre fois dans cette même nuit un des plus vilains vits que j’ai vue et maniée dans toute ma vie, et dieu sait pourtant quel nombre prodigieux de ces instruments m’ont passé dans son voisin, non compris encore tous ceux que j’ai travaillé de la main. Bref, le financier me quitta en me laissant 30 louis jusqu’à son retour. La somme me parut assez honnête, aussi l’en remerciai-je avec toutes les apparences de l’amitié la plus sincère. L’abbé avait eu grand soin d’épier le moment où je serais seule. Il vint me prévenir que la partie aurait lieu le jeudi suivant.

Enfin arriva ce grand jour tant désiré, que l’abbé croyait être pour lui un jour de triomphe : il vint me prendre sur les deux heures de l’après-midi dans un ca-