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Page:La belle Cauchoise, 1788.djvu/70

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rosse de remise qui nous conduisit au château d’un très-grand seigneur, à quelques lieues de Paris. On nous introduisit d’abord dans une grande galerie, où il y avait six tables de jeu ; personne ne se dérangea. C’est la première loi de ceux qui aiment bien le plaisir et les amusements : rien n’est en effet aussi ridicule que de se gêner.

Mon abbé, après avoir bien considéré la compagnie, me dit : Vous ne m’avez point averti que Monsieur le comte serait ici : je ne m’étonne pas si vous y êtes venue. Je lui protestai que je ne savais pas ce qu’il voulait dire ; je lui proposai même de sortir. — Non, répliqua-t-il, mais promettez-moi que vous ne le mettrez pas de vos plaisirs.

Je le lui promis. Cela fut la cause qu’en visitant les beautés du palais enchanté que nous habitions, il me laissa la liberté de dire un petit bonjour de civilité indispensable au comte, à qui je fis entendre de me remettre le Nenuphar en question dont il s’était chargé d’en faire l’achat. Il me fit comprendre par un sourire que j’allais être satisfaite.