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Page:La belle Cauchoise, 1788.djvu/84

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pourquoi empoisonna-t-il ce doux plaisir ? Il me dit qu’il venait de se marier depuis huit jours. Un coup de foudre eut été moins terrible pour moi que ne le fut cette nouvelle accablante.

Je sortis alors brusquement et je jurai tout haut et tout bas de ne plus jamais aimer avec tant de délicatesse. Sans ce funeste amour pour le comte, ne continuerai-je pas à brosser les louis de mon bonhomme ? Oui, prenons mieux le tour en vraie et bonne putain.

J’adoptai en effet ce système, et je le poussai si loin, que je ne voyais et ne recevais plus personne que pour foutre, et pourvu que ce fut pour cette occupation là je recevais indistinctement tout le monde : Beau, laid, grand, petit, contrefait ou bien fait, jeune ou vieux, n’importe ; tous indifféremment avaient entrée chez moi. Il ne me fallait rien moins qu’un grand nombre de vits pour me faire oublier le priape chéri de mon adorable comte, aussi tins-je bordel ouvert : Je permettais à tout fouteur de m’enconner.

Parmi ceux qui me voyaient le plus fréquemment, était un colonel d’infante-