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Page:La belle Cauchoise, 1788.djvu/85

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rie, qui, étant devenu tout à fait amoureux de moi, me proposa de le suivre à Rouen, où son régiment était en garnison.

On sait du reste qu’une putain, sauf les plaisirs du canapé, n’aime rien tant que de voyager, et que tout pays lui est égal, pourvu que monsieur son cul et son voisin le plus proche soient abondamment humecté. Je vérifiai ce proverbe en suivant mon colonel dans sa garnison.

Arrivée dans cette ville avec mon brave colonel, j’eus tout le temps de me livrer aux plaisirs : Bals, comédies, concerts, promenades, partie fines, soupers fins et délicats, rien ne coûtait à mon nouvel amant ; tous les jours il était ingénieux à me témoigner sa tendresse. Il savait qu’une fille de mon état se prend par les sens, aussi répondis-je on ne peut pas mieux à toutes ses bontés, je dis bontés, car c’est le seul nom que l’on puisse donner à la folie des hommes quand ils ne s’attachent qu’à des putains, comme font en Europe presque tous les grands seigneurs et leurs singes parvenus, encore plus méprisables qu’eux à cet égard, quoique cependant en général la noblesse attire