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Page:Labarre - Le chant de la paix, 19xx.djvu/76

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« Le Chant de la Paix »

précipités annoncèrent aux deux malheureuses la venue des justiciers.

En effet, deux gardes accompagnés d’un prêtre entrèrent dans leur cachot. Ce dernier apercevant la jeune femme aux côtés de la condamnée, crut deviner son immense douleur et les raisons qui la motivaient. Il lui dit :

— Vous êtes sans doute une parente de cette malheureuse enfant. Ne croyez-vous pas qu’il serait préférable de la soustraire au spectacle de votre douleur ? Comprenez combien cette pauvre enfant a besoin de force, d’énergie pour accepter la peine de son crime. Quittez ce cachot, laissez le prêtre apporter à cette âme désemparée, les dernières, les vraies consolations. Résignez-vous malgré sa cruauté à cette séparation définitive… La justice réclame sa vie en punition de sa trahison… Puisez votre force dans la pensée que l’âme la plus vile, la plus coupable, retrouve toujours sa noblesse, sa grandeur devant Dieu et devant les hommes, lorsqu’elle paye la rançon de son crime…

À ces mots, la baronne tressaillit. Convaincue, comme elle l’était, de l’innocence de la jeune fille, il lui paraissait odieux à l’extrême que quelqu’un pût croire à sa culpabilité, malgré tout ce qui la condamnait. Oubliant pour un Instant les sages recommandations de Rita, elle se leva. Fixant d’un regard de haine et de mépris les gardes chargés de l’exécution, elle leur dit :

— Plus vile et plus lâche que le crime dont volontairement cette jeune fille s’est accusée, serait le vôtre, si vous osiez exécuter cette frêle enfant ! Vous deviendriez par cet acte infâme, les bourreaux du sauveur de la Franc… En faisant le sacrifice de son honneur, en s’accusant d’un crime qu’elle n’avait pas commis, elle a sauvé le commandant Jean Desgrives et permis à ses soldats de déclencher cette offensive qui semble promettre une éclatante victoire…