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Page:Labarre - Le chant de la paix, 19xx.djvu/77

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Roman illustré du « Soleil »
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— Prenez garde, dit l’un des gardes, en s’approchant de la baronne. Il y a dans vos paroles quelque chose de terrible ; si vous ne poivrez pas de preuves irrévocables de l’innocence de cette jeune fille, il est préférable pour vous de vous taire ; car chercher à protéger un espion ou un traître à son pays, qui a été Jugé par les autorités et condamné par le peuple, équivaut à une trahison ! Rappelez-vous qu’il n’y a pas de crime ni de lâcheté pour celui qui accomplit son devoir. Ignorez-vous donc que le devoir d’un bon soldat est de respecter les ordres de ses supérieurs même au prix de sa vie ? Croyez-vous aussi que sous son apparence froide et dure, il ne cache pas un cœur qui s’ouvre à la pitié ? Désignés pour conduire cette jeune fille au supplice, nos cœurs se brisent à la pensée qu’elle est un enfant de la France ! Mais nous ne sommes pas ses juges. Pour qu’il soit en notre pouvoir de l’y soustraire, il est indispensable que nous procurions au peuple qui réclame son châtiment, des preuves Irrévocables de son innocence. Si vous possédez ces preuves, nous vous jurons alors de donner même notre vie, s’il le faut, pour protéger cette malheureuse victime.

Cette fois la baronne chancela sous le coup. C’était bien la dernière espérance qui s’effondrait dans son cœur. Impuissante, elle se laissa guider par le prêtre qui la reconduisit hors du cachot.

Le religieux qui comprenait son profond désespoir, voulant à tout prix l’empêcher de commettre quelques graves imprudences, referma soigneusement la porte de la chambre où il venait de la reconduire, rendant impossible par ce moyen toute évasion que pouvait lui suggérer son dévouement à l’égard de la condamnée.

Soutenue par les deux gardes, Rita s’avança bravement vers le supplice qui l’attendait. Lorsqu’elle apparut devant le peuple, les cris de menace et de haine cessèrent aussitôt. Ce corps frêle que la mort avait