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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/117

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Mme Miura-Stange se permette de juger la composition même d’un livre qui nous est parvenu dans des conditions aussi spéciales que le livre de Celse. N’allons donc pas nous imaginer que nous ne gagnerions rien à le récupérer dans sa teneur originelle ! Mais enfin, même sous la forme fragmentaire où nous le possédons, il décèle avec une clarté très suffisante l’attitude de Celse à l’égard du christianisme ; et les répliques auxquelles il donne occasion mettent dans tout son jour la pensée d’Origène lui-même.

IV

Les attaques de Celse sont brutales et violentes, avec une affectation de dédain dont Origène ne se résignera pas à supporter l’insolence.

Aux yeux de Celse, le christianisme est une doctrine barbare, absurde, faite pour des gens sans culture — chez qui, d’ailleurs, elle recrute le gros de ses partisans.

Il faut le tenir pour une manifestation, parmi quelques autres, de cette folie mystique qui déferle de l’Orient sur l’Occident, au seul profit des charlatans de carrefour et de ces prédicants fanatiques qui vaticinent éperdument leurs terrifiantes eschatologies[1]. On peut aussi le mettre sur le même plan que les religions de mystères qui, comme celle

    t. I, p. 159, l. 8 : τὰς ταυτολογίας Κέλσου). Il dit lui-même qu’il a laissé tomber des développements insignifiants (II, 79), des redites (III, 64 ; VI, 7 ; VI, 74) ; qu’il résume en gros certains arguments (IV, 20 ; VI, 17) ; qu’il élimine des observations superflues, ou étrangères au sujet principal (VI, 22). — L’allusion à Zénon « plus sage que le Christ » qu’indique Origène (V, 20) décèle qu’il a omis un développement, car il n’est pas question ailleurs de cette comparaison.

  1. I, 68 ; III, 50 ; VII, 9.