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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/116

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Les critiques paraissent de plus en plus optimistes sur ce point. K.-J. Neumann estimait que le dixième tout au plus de l’œuvre de Celse se serait perdu et que, pour les trois quarts, nous en pouvons lire le texte original, fidèlement reproduit par Origène[1]. Koetschau, l’éditeur du traité dans le Corpus de Berlin, partage entièrement son avis[2]. Otto Glöckner, dans l’édition du Λόγος Ἀληθὴς qu’il a donnée à la collection de Lietzmann, affirme que nous possédons tout l’essentiel de l’argumentation de Celse[3]. Mme Miura-Stange, une élève de A. von Harnack, va plus loin[4]. Elle se croit autorisée, sur lecture de la réfutation d’Origène, à signaler, du point de vue littéraire, certaines insuffisances de composition chez Celse, et elle juge illusoires les tentatives modernes pour retrouver, dans ce qui reste de la Parole de Vérité, une structure plus ou moins rigoureuse, dont Celse lui-même ne se serait guère soucié.

La loyauté d’Origène n’est pas en cause. Il a promis de suivre son adversaire pas à pas, de ne négliger aucun argument, même frivole[5]. Il a dû faire de son mieux pour tenir sa promesse. Mais il paraît invraisemblable que, dans une discussion de ce genre, il n’ait pas négligé un certain nombre d’objections de second plan qu’il n’aurait pu relever qu’en la surchargeant inutilement. Si scrupuleux qu’il fût, il était bien obligé de faire une apologie lisible, sous peine de manquer son but.

En fait, il a beaucoup élagué[6] ; et j’admire que

  1. Art. Celsus, dans la Real-Encykl. für protest. Theol., 3e édit., t. III, p. 773, l. 43.
  2. T. I, p. li.
  3. Kleine Texte, no 151 (1924), p. xiv.
  4. Celsus und Origenes, Giessen, 1926, p. 17 et suiv.
  5. I, 41 ; II, 20.
  6. Il laisse entendre que Celse s’était souvent répété (II, 32 : Koetschau,