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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/119

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d’Antiope[1] ; l’épisode de la résurrection fait songer à l’histoire d’Aristée de Proconnèse, qui, d’après Pindare et Hérodote, fut ravi par la mort aux yeux des hommes, puis se fit voir en divers points de l’univers, à des intervalles fort éloignés, comme un annonciateur des volontés divines[2] ; l’adoration d’un captif et d’un supplicié a eu son prototype dans le culte rendu par les Gètes à Xamolxis, par les Cililiens à Mopsos[3]etc. Tel récit biblique, comme la destruction de Sodome et de Gomorrhe, est un emprunt à la légende de Phaéton[4], embrasant l’univers pour avoir égaré hors de leur voie les chevaux du soleil ; pareillement Moïse a maladroitement copié, dans son récit de la tour de Babel, l’épisode homérique des fils d’Alous, qui, pour monter à l’assaut du ciel, révèrent d’entasser sur l’Olympe l’Ossa et le Pélion[5].

Celse fait un usage assidu de la méthode comparative pour ravaler les dogmes chrétiens au rang des antiques fictions et des légendes périmées.

Mais, selon lui, l’article fondamental de la doctrine chrétienne, et le plus inacceptable pour une intelligence formée aux disciplines de la raison et de la philosophie, c’est l’idée d’un Dieu s’incarnant pour vivre d’une vie humaine :

Que si certains parmi les chrétiens (sic), ainsi que les Juifs, soutiennent qu’un Dieu ou un fils de Dieu est descendu ou doit descendre sur la terre comme juge des choses terrestres, c’est là, de leurs prétentions, la plus honteuse ; et il n’est pas besoin d’un long discours pour

  1. Danaé et Antiope, que Zeus rendit mère ; Augé, qui eut Hercule pour amant ; Mélanippe, qu’aima Éole.
  2. III, 20.
  3. III, 34.
  4. IV, 21.
  5. Iliade, V, 385 et suiv. ; Odyssée, XI, 305 et suiv.