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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/125

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l’avoir approfondie dans tous ses détails et y avoir trouvé ses meilleures armes[1].

Si les chrétiens veulent bien répondre à mes questions — je les leur pose, non pas pour me documenter, car je sais tout, mais parce que j’ai de tous le même souci — tout ira bien. S’ils gardent le silence avec leur défaite habituelle : « Nous ne discuterons pas ! » alors il faudra bien que nous leur fassions voir d’où naissent leurs erreurs[2].

Ce je sais tout, Origène en relève aussitôt l’outrecuidance. Ce qu’il conteste surtout (non sans raison), c’est que Celse ait pénétré fort avant dans l’intelligence du dogme chrétien. Il lui eût été plus difficile de nier que son adversaire ait fait un certain effort — qu’il ne faut pas exagérer — pour s’informer aux sources mêmes de la Révélation.

Celse connaissait quelques parties de l’Ancien Testament (la Genèse sûrement ; peut-être aussi l’Exode, le Deutéronome, quelques-uns des livres prophétiques, quelques morceaux des Psaumes, Jonas et Daniel). Il allègue le Livre d’Hénoch : Origène soupçonne toutefois qu’il ne l’a pas lu directement et qu’il ignore que cet apocryphe ne fait pas partie du « canon » des Églises[3]. — Il connaissait l’Évangile de saint Matthieu, qui paraît avoir attiré surtout son attention, sans doute aussi celui de saint Luc. On a contesté, à tort, je crois, qu’il ait profité de celui de saint Jean[4]. Il ne cite d’ailleurs le nom d’aucun des quatre évangélistes. Origène met en doute qu’il ait lu les Actes des Apôtres[5] : en tout cas, Celse n’en a guère fait état, non

  1. II, 74, 76.
  2. I, 19.
  3. V, 54.
  4. Les passages décisifs sont I, 41 (cf. saint Jean, I, 32) ; I, 66, et II, 36 (cf. Jean, XIX, 34) ; II, 37 (cf. Jean, XIX, 28, 30).
  5. II, 1.