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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/126

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plus que des Épîtres de saint Paul[1] (ce dont Origène ne manque pas de s’étonner[2]). — Il n’y a plus personne pour soutenir que Celse ait utilisé dans la première partie de son pamphlet (I, 28 à II) un écrit juif dirigé contre les chrétiens. Il n’avait cependant pas négligé les traditions juives hostiles au Christ[3]. C’est à celles-ci qu’il doit l’histoire du soldat Panthéra[4], de l’adultère duquel Jésus serait né. Sans doute s’en inspire-t-il également, quand il suppose que le Christ aurait été initié aux pratiques de la magie pendant son séjour en Égypte. — Il a jeté aussi un coup d’œil sommaire sur la littérature chrétienne post-apostolique. Il connaît le Dialogue de Jason et de Papiscus[5], peut-être l’Épître de Barnabé[6]. Quant à la littérature apologétique si florissante au iie siècle, il n’y a pas de preuve décisive qu’il s’en soit enquis, en dépit des affirmations de J. Geffcken, de G. Krüger et de O. Stählin. — Il sait la vitalité des sectes, leur pullulement à côté de la « Grande Église » (c’est l’expression même dont il use[7]), les querelles violentes qui mettent aux prises orthodoxes et dissidents[8]. Il insinue que la prétendue unité chrétienne est un

  1. Peut-être une allusion à I Cor., III, 18, dans ce chap. i, 13 (Koetschau, I, p. 65, l. 17 et suiv.).
  2. V, 64 (Koetschau, II, p. 67, l. 27 et suiv.). À en croire Origène, Celse ne citait en propres termes qu’un seul court passage de l’Apôtre, à savoir Galates, VI, 14 (V, 64).
  3. Origène l’a noté (II, 10).
  4. Pandera, dans le Talmud (voy. Aufhauser, Antike Jesus-Zeugnisse, dans les Kleine Texte, hsg. von H. Lietzmann, no 126, Bonn, 1913, p. 38) : cf. Contra Celsum, I, 28. Deissmann a montré que ce nom se rencontre dans les inscriptions des deux premiers siècles, surtout comme surnom de soldats romains (par exemple, C. I. L., XIII, 7514 : Tib. Iul. Abdes Panthera) ; voir Journal of Theol. Studies, 1918, p. 79-80.
  5. IV, 52.
  6. I, 63.
  7. V, 59. Il est curieux que nulle part il n’emploie le mot « catholique ».
  8. V, 62 et suiv. Par surcroît, les chrétiens se disputent avec les Juifs « pour l’ombre d’un âne » (III, 2).