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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/132

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Si Celse est, au fond, détaché des croyances populaires, il a gardé cependant une sorte de religiosité qui se trahit par accès et rejoint en certains cas les superstitions courantes :

Est-il besoin (demande-t-il) de passer en revue toutes les prédictions que, dans les sanctuaires des oracles, ont fait entendre tantôt des prophètes et des prophétesses, tantôt d’autres inspirés, hommes et femmes, de leur voix divine ? toutes les paroles merveilleuses sorties de ces sanctuaires ? toutes les révélations obtenues grâce à l’inspection des victimes, grâce aux présents offerts et par d’autres signes surnaturels ? et les apparitions divines dont certains ont bénéficié ? La vie humaine est toute pleine de pareils exemples. Que de cités bâties, ou délivrées des épidémies et des famines, par suite des prescriptions des oracles ! Que de villes ruinées misérablement pour avoir méprisé ou oublié ces avertissements ! Combien de villes ont décidé la fondation d’une colonie et sont devenues florissantes, pour s’y être conformées ! Combien de princes, combien de simples citoyens ont éprouvé, pour la même raison, la bonne ou la mauvaise fortune ! Que de gens, désolés de n’avoir pas d’enfants, ont obtenu ce qu’ils souhaitaient, échappant à la colère des démons ! Que d’infirmités physiques guéries ! Combien, d’autre part, ont été punis d’un châtiment immédiat pour leur sacrilège irrévérence envers les sanctuaires, les uns atteints sur place de folie, d’autres obligés à l’aveu de leurs forfaits, d’autres contraints au suicide ou frappés de maladies incurables ! Bien mieux : il en est qu’une voix formidable, sortie du fond du temple, a tués sur le coup[1]

Origène s’étonne de voir le langage de Celse, d’ordinaire si froid, prendre parfois des accents presque chaleureux où respire une piété toute platonicienne. Il transcrit des déclarations comme celles-ci :

Il ne faut jamais se détacher de Dieu, ni le jour, ni la nuit, ni en public, ni dans le privé, dans aucune de nos paroles et dans aucun de nos actes… L’âme doit être constamment orientée vers Dieu[2]… Quant à ceux qui espèrent que leur âme ou que leur esprit [quelle que soit la

  1. VIII, 45 (Koetschau, t. I, p. 259).
  2. VIII, 63.