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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/135

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VII

On ne saurait dire, au surplus, toute la déplaisance, toute l’antipathie que Celse inspire à Origène, en dépit des similitudes intellectuelles qui seront indiquées tout à l’heure.

À l’en croire, Celse a écrit la haine au cœur et sans désir sincère de chercher la vérité. Origène met formellement en doute sa bonne foi, soit dans sa façon d’interpréter les Écritures[1], soit dans son exposé des dogmes chrétiens[2]. Mais ce qui l’irrite surtout, c’est le ton sarcastique de Celse, ses persiflages, ses violences de langage. Il le traite de vil bouffon[3], il le déclare indigne du nom de philosophe[4] pour ses mensonges calculés[5], pour ses injures de femmes du peuple s’invectivant dans les carrefours[6]. — Il voudrait bien faire croire que Celse est un épicurien camouflé, un épicurien qui n’avoue pas, qui déguise ses principes, mais se trahit par échappées. L’insistance avec laquelle il revient sur cette insinuation[7] s’explique si l’on se rappelle l’horreur des chrétiens pour la doctrine, pour le nom même d’Épicure[8], et aussi le discrédit où Épicure était tombé, depuis un siècle ou deux, parmi les penseurs païens eux-mêmes[9],

  1. I, 63 ; VI, 16.
  2. VI, 77.
  3. III, 22 ; IV, 30 ; VI, 10, 74.
  4. IV, 41.
  5. VII, 11.
  6. III, 52.
  7. I, 8, 68 ; II, 42 ; III, 35, 49, 75, 80 ; IV, 5, 36, 75, 86.
  8. Voir I, 21 (Koetschau, t. I, p. 172, l. 11) ; I, 43 (p. 93, l. 11), II, 13 (p. 143, l. 7) ; II, 75 (p. 266, l. 24) ; IV, 14 (p. 284, l. 21).
  9. Épicure est honni par Épictète, Plutarque, Maxime de Tyr, Numenius d’Apamée. Sénèque, cependant, lui est assez favorable et Lucien le loue ouvertement.