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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/145

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d’Aurélien, avant celle de Dioclétien, c’est-à-dire avant les plus sanglantes réactions de l’État romain. D’ailleurs, là où Origène est moins préoccupé de signaler la protection spéciale de Dieu sur les chrétiens, il se montre aussi moins optimiste. Il rappelle la contrainte exercée par les juges sur la conscience des chrétiens qui leur sont déférés[1] — car, seuls, les chrétiens sont inquiétés pour leur façon d’adorer Dieu[2] :

Beaucoup de nos coreligionnaires savaient que, s’ils allaient mourir, c’était comme confesseurs du christianisme, et que, s’ils le reniaient, ils seraient relâchés ou récupéreraient leurs biens ; cependant, ils ont fait peu de cas de la vie et, de tout leur cœur, ont préféré mourir pour leur foi[3].

Quant à vous, écrit Celse lui-même, en s’adressant aux chrétiens — et sa remarque vaut pour le dernier tiers du second siècle — s’il en est un parmi vous qui, réduit à se cacher, erre çà et là, on le pourchasse afin de le punir de mort[4].

En dehors même de ces épisodes héroïques, où se hausse l’effort suprême de la foi, Origène considère la vie chrétienne, quand elle est vécue sincèrement et profondément, comme la plus frappante démonstration de la présence permanente de l’Esprit dans l’Église : « Aujourd’hui encore, de faux témoignages poursuivent Jésus-Christ… Il n’élève point la voix, en présence de ces accusations ; mais la vie de ses vrais disciples parle pour lui, elle parle haut et confond l’imposture[5]. » Il y a des chrétiens de stricte observance qui, par amour pour

  1. II, 13 ; cf. VIII, 44, 55.
  2. II, 44.
  3. II, 17.
  4. VIII, 69.
  5. Proœm., 2.