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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/148

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péché d’impureté surtout, amène l’élimination du coupable, qui n’est accueilli de nouveau qu’après de sévères épreuves et doit renoncer aux dignités ecclésiastiques.

C’est ainsi que les chrétiens conquièrent leur évidente supériorité morale sur le monde au milieu duquel ils vivent[1]. Les Églises, recrutées de la sorte, soutiennent avantageusement la comparaison avec n’importe quel groupement humain. Celse affecte de les traiter comme des officines de révolte, comme des conventicules de furieuses querelles. Qu’on les mette en parallèle avec les assemblées populaires des cités où elles sont établies ! Qu’on compare l’ecclesia d’Athènes, de Corinthe ou d’Alexandrie avec les ecclesiae de ces villes : d’un côté, c’est l’ordre, la méthode, la paix ; de l’autre côté, les troubles, les dissensions[2]. Si l’on restreint cette confrontation au Conseil (βουλή) des communautés chrétiennes, d’une part, et au Conseil des cités, d’autre part, on constate que, même de qualité morale assez ordinaire, les conseillers chrétiens l’emportent nettement sur les hauts magistrats civils[3].

Aussi ces Églises, qui sont les « aires de Dieu », se remplissent-elles « d’innombrables gerbes[4] ». La foi est en pleine croissance et se propage avec un succès qui promet des lendemains encore plus triomphants. Elle a surmonté toutes les résistances qui s’opposaient à sa diffusion :

À son origine, cette doctrine rencontra devant elle, pour contrarier ses progrès, les empereurs de cette époque, les généraux, les préfets, tous ceux en un mot qui possédaient une parcelle d’influence, sans compter les autorités des villes, les soldats, le peuple. Elle a triomphé

  1. III, 64 ; VII, 49.
  2. III, 29.
  3. III, 30 : τῶν ἐν ταῖς πόλεσι βουλευτῶν καὶ ἀρχόντων.
  4. I, 43.