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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/150

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tout la nécessaire réalisation des prophéties ; mais il admet que l’unité de l’Empire y a utilement coopéré[1]. Si, au lieu d’un prince unique, il y avait eu quantité de rois, les peuples seraient demeurés comme étrangers les uns aux autres, et le précepte : Allez et enseignez toutes les nations… serait devenu d’une application étrangement difficile. La naissance du Christ sous le règne d’Auguste a coïncidé avec l’époque qui réunit comme en un seul faisceau la plus grande partie des habitants de l’univers. Doctrine de paix, le christianisme avait besoin de la paix pour triompher.

Dès le milieu du iiie siècle, Origène fixe ainsi le thème apologétique sur le rôle providentiel de l’Empire romain, qui prendra aux deux siècles suivants une importance et comme une orchestration encore plus ample[2]. Retenons surtout le ton de certitude et de victoire avec lequel il oppose aux dédains de Celse le fait d’une croissance merveilleuse, dont son espoir prolonge à l’infini les perspectives.

Les derniers chapitres sont significatifs, à ce point de vue. Origène entrevoit les Barbares triomphants se faisant chrétiens à leur tour et le christianisme installant son hégémonie sur les autres cultes détruits[3]. Quelle paix, si tous les sujets de l’Empire ne formaient plus qu’un cœur et qu’une âme ! Cette unité, Celse la considère comme une utopie : Origène croit fermement qu’elle est possible et qu’elle se réalisera quelque jour[4].

  1. II, 30.
  2. Les principaux textes sont indiqués par Fuchs, Neue philol. Untersuchungen, hsg. von Werner Jæger, drittes Heft, Augustin und der antike Friedensgedanke, Berlin, 1926, p. 162.
  3. VIII, 68.
  4. VIII, 72.