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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/151

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Cette analyse un peu longue m’a paru nécessaire pour qu’on ne se méprenne pas sur la qualité du sentiment d’Origène à l’égard de la foi qu’il défend.

Origène est un théologien, un homme d’Église, de tendances ascétiques et même rigoristes. Jamais la hardiesse de son exégèse n’a affaibli chez lui la vivacité de ses intimes convictions. Il vécut dans l’attente du martyre. Pendant la persécution de Dèce, il fut emprisonné, torturé, « les pieds dans les ceps au quatrième trou », raconte Eusèbe de Césarée[1]. Il ne céda pas et mourut peu après. La critique de Celse, son ironie perpétuelle, ses façons de traiter le christianisme comme une gageure absurde, comme une miraculeuse réussite de la sottise humaine, tout cela ne pouvait que heurter et scandaliser le croyant qu’il est demeuré jusqu’au bout.

Origène déteste Celse parce qu’il se sent très loin de lui ; il le déteste plus encore peut-être parce qu’il se sent très près de lui et qu’il ne peut méconnaître qu’il est lié à ce pamphlétaire sans pitié par une parenté intellectuelle plus profonde encore que leurs dissentiments de doctrine et de tempérament[2].

Nous touchons là un des côtés les plus délicats de cette controverse et l’un des plus instructifs.

Ces analogies sont assez variées pour qu’il soit inutile d’en

  1. Hist. Eccl., VI, 29, 5.
  2. « Origène — un Hellène formé aux méthodes hellènes », dira Porphyre (ap. Eusèbe, H. Eccl., VI, 19, 7).