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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/153

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piété intelligente et étudiée des esprits cultivés[1] ; d’autant plus que leur vie est souvent plus surveillée et plus pure que celle des privilégiés de la pensée[2]. Ceux-ci ont à leur égard un devoir de prudence et de charité, en évitant ce qui pourrait les inquiéter ou les scandaliser[3]. Ces précautions prises et cette sollicitude une fois assurée, il reste qu’une croyance doctrinale qui repose sur la raison, la sagesse, l’étude approfondie des Écritures — et cela même implique une longue familiarité préalable avec les sciences profanes — a plus de prix, au point de vue absolu, qu’une foi non éclairée, qu’elle pénètre plus avant dans les intentions divines et dans les « mystères » des Livres Saints[4].

Tel est le point de vue d’Origène : il n’a rien de commun avec celui où Celse s’était placé.

Peu de griefs sont d’ailleurs plus désagréables à Origène que l’accusation portée par Celse contre le christianisme de n’être bon que pour les illettrés, de ne viser d’autre conquête que la leur et de faire bon marché de toute « sagesse ». Il admet que certains textes de l’Écriture — surtout le passage de saint Paul, I Cor., I, 26-29 — ont pu induire quelques-uns à mésestimer la science[5]. Mais il y oppose quantité d’autres passages, empruntés soit à l’Ancien, soit au Nouveau Testament, où respire un esprit tout différent et qui restreignent la portée de la déclaration de l’Apôtre[6]. Il applaudit Celse quand celui-ci demande :

  1. VII, 46.
  2. VII, 44, 49.
  3. VI, 26.
  4. I, 13 ; IV, 9 ; III, 58 ; V, 15. Origène constate (VI, 14 in fine) qu’une minorité d’intellectuels se rencontre au sein des communautés.
  5. III, 48.
  6. III, 45 et suiv.