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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/154

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« Quel mal y a-t-il donc à s’instruire, à n’avoir souci que des meilleures doctrines, à être intelligent et à le paraître ? En quoi cela met-il obstacle à la connaissance de Dieu ? N’est-ce pas là plutôt un progrès, une meilleure condition pour parvenir à la vérité ? — Non, répond Origène[1], la culture véritable n’est pas un mal ; l’instruction est la route qui conduit à la vertu[2]… » « Il n’y a rien de solide au monde, affirme-t-il ailleurs, que la science et la vérité : c’est de la sagesse qu’elles naissent[3]. » Aussi se vante-t-il de procéder φιλαλήθως, « avec amour de la vérité[4] », dans la critique qu’il exerce sur les arguments adverses : « Nous nous efforçons de ne jamais nous froisser d’une observation juste, fût-elle articulée par des hommes étrangers à notre foi, car nous ne voulons pas contredire ce qui est sainement pensé[5]. »

Origène respecte la science ; il a confiance en elle et serait bien fâché de laisser croire qu’il accepte d’être un « mutilé de l’intelligence[6] ».

Bien mieux, Origène et Celse se font tous deux de la science une conception assez analogue. Elle est pour eux vérité ; elle est aussi quelque chose de supérieur, de mystérieux, d’ineffable, une « énigme divine » — le mot est de Celse[7] — qu’il n’est donné qu’à quelques-uns de déchiffrer et dont une tradition secrète, non fixée par l’écriture humaine, perpétue et transmet les données. Selon Celse,

  1. III, 49.
  2. Ὁδὸς γὰρ ἐπ’ ἀρετήν ἐστιν ἡ παίδευσις.
  3. III, 72 : μόνον τῶν ὄντων βέβαιον ἐπιστήμη καὶ ἀλήθεια, ἅπερ ἐκ σοφίας παραγίγνεται.
  4. I, 57.
  5. VII, 46.
  6. VII, 46 : τὴν ψυχὴν… ἠκρωτηριασμένος.
  7. VI, 42.