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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/162

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parfois de ses spiritualisations trop hasardées[1]. Il restait persuadé que le bon sens vulgaire est de courte vue, qu’il passe à côté des sources sans les voir et « qu’il faut des larmes, des prières ininterrompues pour obtenir du Seigneur qu’il nous ouvre les yeux[2] » sur les mystérieuses richesses des Livres saints.

L’attaque de Celse le trouvait donc assez désarmé, puisque, à considérer la Bible dans sa teneur littérale, il y relevait les même étrangetés, les mêmes invraisemblances, les mêmes « anthropomorphismes » inacceptables, dont Celse avait fait état. Il eût risqué de se sentir tout à fait désemparé, s’il s’était laissé intimider par le ton dédaigneux sur lequel Celse avait traité son mode favori d’interprétation.

Mais Origène réagit avec vigueur.

Il fait remarquer que Celse lui-même a adopté le principe de l’exégèse allégorique à propos de la religion égyptienne, quand il a déclaré que le vulgaire a tort de s’arrêter à la superficie des choses et de se moquer des chats et des crocodiles sacrés, « symboles, disait-il, qui ne méritent pas le mépris, car ils sont au fond un hommage rendu non à des animaux périssables, mais à des idées éternelles[3] ». Et il a bien fait d’y adhérer, car l’eût-il rejeté radicalement, il s’obligeait à accepter telles quelles et à glorifier les turpitudes, les absurdités de la mythologie[4]. Ne s’accorde-t-on pas à reconnaître, et n’est-il pas évident qu’Hésiode, par exemple, quand il raconte dans les Travaux et les

  1. « Veritatem negantes stare posse nisi super terram » (Hom. in Gen., XIII, 3 : Patrol. gr., 12, 232).
  2. Ibid., VII, 6.
  3. Contra Celsum, I, 18-19.
  4. I, 17 ; IV, 17, 42, 48 ; VIII, 68.