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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/184

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gnaient ? Car on dit qu’il pleuvait, et que le visage de la jeune personne fumait. Ou bien la vie était-elle en effet éteinte, et fut-elle rallumée par Apollonius ? Énigme difficile à résoudre, non seulement pour moi, mais pour les assistants eux-mêmes. »

Notons encore qu’Apollonius, tel l’Apôtre des Gentils, adresse par lettres à certaines villes des conseils et des exhortations ; qu’il se décide à passer en Crète sous l’influence d’une vision, comme saint Paul lui-même quand il s’était résolu à s’acheminer vers la Macédoine ; qu’il gagne à Rome le consul Telesinus, comme saint Paul avait gagné à Chypre le consul Sergius Paulus ; qu’il dégage sa jambe des fers qui la retiennent (puis l’y replace), comme saint Pierre voit les chaînes tomber de ses mains ; que, lorsqu’il a soudainement disparu au cours de son interrogatoire, devant Domitien, ses disciples hésitent à le reconnaître, à Dicéarchie, et que pour les convaincre de son identité il se laisse toucher par eux[1] ; que sa carrière enfin se clôt par une sorte d’apothéose, car Philostrate, qui se fait l’écho de diverses traditions sur la mort d’Apollonius, s’étend sur celle qui voulait qu’arrêté comme magicien et voleur par les gardiens du temple de Dictynne, Apollonius se soit délivré de ses liens, ait franchi les portes spontanément ouvertes qui se refermèrent derrière lui ; et qu’alors on ait entendu des voix de jeunes filles qui chantaient : « Laissez cette terre ! Montez au ciel ! », comme pour l’inviter à s’élever de terre vers les régions supérieures[2].

Il n’est pas jusqu’à certaines formes de l’enseignement d’Apollonius qui ne rappellent exceptionnellement celles

  1. VIII, 12.
  2. VIII, 30.