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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/191

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l’état d’âme des païens, gens du monde, est mis en valeur avec beaucoup d’habileté.

Nous y avons déjà fait allusion à propos de Fronton[1].

Il s’agit de l’Octavius, de Minucius Felix. L’auteur a esquissé, dans la première partie de ce dialogue, une curieuse « psychologie » du païen Cæcilius, en le faisant parler lui-même.

C’est par une déclaration formelle de scepticisme, ou plutôt d’agnosticisme, que débute Cæcilius. Le mystère nous enveloppe ; l’univers est pour nous une énigme qui dépasse notre intelligence et qu’il est à la fois plus sage et plus respectueux de laisser en paix. En tous cas, affirme Cæcilius, c’est un fait que nulle part on ne saisit en acte une Providence, une volonté intelligible, soucieuse de corriger le hasard et de régler le cours des choses au mieux des gens de bien.

Après une telle déclaration, on se demande comment il va pouvoir défendre la religion païenne. Se contentera-t-il d’insinuer que, dans l’universelle ignorance, au moins les chrétiens devraient-ils convenir qu’ils n’en savent pas plus long que les autres ? Non pas. Il conclut que puisque tout, dans le domaine métaphysique, échappe aux prises de l’homme, il lui faut s’attacher avec une énergie d’autant plus tenace aux points fixes qui s’offrent à lui. Or la religion romaine se présente comme un ensemble de traditions vénérables, auxquelles la grandeur de Rome a toujours été liée. Ici le ton de Cæcilius s’échauffe, s’émeut, pour rappeler par maints exemples l’action bienfaisante de ces dieux dont les fastes de l’histoire attestent la sollicitude.

  1. Voir p. 90.