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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/202

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avec Tryphon[1], rappelle que « tandis que Jésus était parmi les hommes, il fabriquait des ouvrages de charpentier, des charrues, des jougs… », et il n’en rougit nullement. Mais l’humilité de cette profession provoquait certains persiflages. Celse ne les avait pas dédaignés[2] et Tertullien les rappelle ironiquement, dans le tableau flamboyant qu’il trace à la fin de son traité Des Spectacles (§ 30) des formidables revanches chrétiennes, lors de la « parousie » du Christ : Hic est ille dicam fabri aut quæstuariæ filius… « Le voilà donc, ce fils d’un charpentier ou d’une courtisane. » Et il continue — sur le ton sarcastique qui est celui de tout le morceau — « C’est lui que ses disciples enlevèrent en secret, pour faire croire qu’il était ressuscité ; lui qu’un jardinier a soustrait, de peur que ses laitues ne soient abîmées par la foule… »

VIII

Au cours même du iiie siècle, les vieilles calomnies répandues sur le compte des chrétiens faisaient encore assez d’impression sur certaines gens pour éveiller chez eux une sorte de phobie à leur égard, et leur ôter toute envie d’entrer en rapport avec eux. Origène en connaît de tels[3]. Mais il en connaît aussi qui, loin de s’abstraire dans de telles répugnances, s’avisent d’une tactique beaucoup plus

  1. 88, 8. — On a la surprise de lire dans le Contra Celsum (VI, 36) un passage où Origène conteste formellement « que dans les Évangiles dont il est fait usage dans les communautés, Jésus lui-même soit désigné comme charpentier ». Voy. cependant saint Marc, vi, 3 ; saint Matt., xiii, 55.
  2. VI, 3
  3. Contra Celsum, VI, 27 (in fine).