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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/213

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Celui qui se représente les choses de cette façon ne saurait être blâmé (Sic ergo qui intellegit sine culpa intellegit) ; et du moins ne s’expose-t-il pas à la dérision des sages de ce siècle (ad risum sapientium saeculi huius).

Cette dernière remarque est révélatrice de la mentalité d’Origène. Il est dur parfois pour la « pensée » profane ; mais c’est à ses déviations qu’il en veut, non pas à ses acquisitions certaines, qui lui commandent, comme à tous, la plus haute déférence.

IV

Il est à noter que saint Jérôme qui, dans son Commentaire sur l’Évangile de saint Matthieu a utilisé le Commentaire d’Origène, ne s’est pas approprié les considérations minimisantes de celui-ci. Il remarque seulement[1] que « ceux qui ont écrit contre les Évangiles » voudraient bien faire croire que les disciples ont, dans leur ignorance, interprété une simple éclipse de soleil comme un prodige suscité par la Passion[2] du Seigneur ; il ajoute qu’au surplus une éclipse, à cette date, était chose impossible ; et que ce qui exclut définitivement une pareille hypothèse, c’est le fait que les ténèbres durèrent alors pendant trois heures. — Le raisonnement de Jérôme rejoint donc celui du pseudo-Origène[3] et de Jules l’Africain. Il y ajoute une paraphrase personnelle. Il est disposé à croire que le soleil aurait rétracté ses rayons « ne aut pendentem videret Dominum, aut impie blasphemantes sua luce fruerentur ».

  1. Comm. in Mt. xxvii, 45 (Patrol. lat., 26, 211 D).
  2. Jérôme écrit par inadvertance « super resurrectione Domini interpretatos ».
  3. Voir plus haut p. 208.