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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/216

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à Tibère qu’il a déjà mentionné plus haut (V, 2) et où il suppose que ce fait extraordinaire n’a pu manquer d’être consigné.

Ensuite, il est difficile de ne pas être frappé de certaines discordances, qui étendent ou restreignent la portée du témoignage de Phlégon, selon qu’on accepte telle ou telle interprétation des intermédiaires qui le citent.

Que Phlégon, toujours curieux de faits singuliers, selon la séculaire tradition des annalistes, ait signalé une éclipse aux environs de l’année 30, la chose n’est pas douteuse. Deux phénomènes de ce genre purent retenir son attention : l’éclipse partielle de lune du 3 avril 33, l’éclipse totale de soleil du 24 novembre 29[1].

En avait-il lié la description à une mention quelconque des troubles cosmiques qui marquèrent, d’après les Évangiles, l’agonie de Jésus ?

A priori la chose n’est pas impossible, car nous savons par ailleurs que certains aspects du christianisme l’avaient intéressé[2]. Mais un examen critique soustrait à cette conjecture toute solide vraisemblance.

Les variations d’Origène paraissent significatives, quand on connaît sa bonne foi, sa ferme volonté de ne pas en dire plus qu’il n’en sait et de rectifier toute assertion qu’il juge, après coup, aventureuse.

Les deux passages, ci-dessus traduits[3], de son traité Contre Celse inclineraient plutôt à croire que Phlégon avait lui-même souligné la coïncidence entre l’éclipse qu’il rappelait et la Passion du Sauveur. Mais le tour dont use

  1. Voy. Boll, dans la Real-Enc. de Pauly-Wissowa, article Finsternisse, col. 2360.
  2. Voy. plus haut, p. 53.
  3. Page 207.