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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/217

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Origène (II, 59) est quelque peu imprécis, nous l’avons remarqué ; et, de plus, l’incertitude de son renvoi (II, 33) prouve qu’il n’a pas le livre sous les yeux. On a l’impression qu’il allègue un argument dont on se sert quelquefois autour de lui, mais qu’il ne l’a pas contrôlé, ni revivifié à sa source même.

En revanche, dans son Commentaire sur l’Évangile de saint Matthieu, composé vers la même époque que le Contra Celsum et qui peut lui être postérieur de quelques mois ou davantage[1], il a dû revoir personnellement le fameux passage de Phlégon, avant d’instituer la discussion approfondie et audacieuse dont nous avons indiqué les grandes lignes. Or il ne conteste nullement l’affirmation de ses adversaires, qui soulignaient ce fait que Phlégon avait parlé d’une éclipse pareille à toutes les autres éclipses. Il écrit même : « Vide ergo nisi fortis est obiectio haec… » et il part de là pour proposer ses solutions à lui.

Tout autre eût été son attitude, s’il avait pu s’appuyer sur un texte où Phlégon aurait mis en relief la concordance entre l’époque de l’éclipse et celle de la Passion, en marquant le caractère hors série du phénomène.

Voilà une observation qui rend extrêmement suspects les divers passages qui présentent Phlégon comme un garant du texte évangélique ; à savoir : 1o les lignes qui s’insèrent si bizarrement dans l’exposé de Jules l’Africain[2] ; 2o le prétendu fragment du Commentaire d’Origène sur saint Matthieu[3] ; 3o une partie du memento noté par Eu-

  1. Harnack place ce Commentaire entre 246 et 249 (Chronol. I, 35). Pour la date du Contra Celsum, voir plus haut, p. 113.
  2. Voir plus haut, p. 209.
  3. P. 208.