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sèbe dans sa Chronique[1]. Ces morceaux ne reflètent autre chose qu’une tradition mal justifiée, qui a pu s’installer de bonne heure — en tous cas dès le iiie siècle, — dans les milieux chrétiens, et qui n’aurait pas dû résister aux sagaces vérifications d’Origène.

Si l’on supprime dans la citation d’Eusèbe les quelques mots sans doute interpolés, c’est là, semble-t-il, que nous pouvons nous former l’idée la plus exacte du compte rendu inséré par Phlégon dans sa Chronique. Le point où l’on hésite, c’est pour décider s’il avait visé l’éclipse de soleil du 23 novembre 29 ou l’éclipse de lune du 3 avril 33. Eusèbe de Césarée insère son témoignage à la quatrième année de la 202e Olympiade, laquelle correspond à l’année 32/33[2], et cela favorise la seconde hypothèse[3].

V

Les exégètes catholiques n’ont pas toujours, dans la suite, considéré qu’il y eût opportunité à essayer de lier les faits rapportés par les évangélistes à un phénomène naturel attesté par des auteurs profanes.

Saint Jean Chrysostome, par exemple, se refuse à admettre l’hypothèse d’une éclipse véritable : « Pour montrer, écrit-il, que cette éclipse n’était point une éclipse naturelle, mais seulement un effet extraordinaire de l’indignation de Dieu, il ne faut que considérer ces trois heures

  1. P. 214.
  2. Ginzel, Handbuch der mathem. und techn. Chronol., Leipzig, 1911, t. II, p. 583.
  3. Voy. l’article de J. K. Fotheringham, sur la Date du Crucifiement, dans le Times du 29 décembre 1932.