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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/238

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nées tout un passé de piété, le sens de la divinité est arrivé à se traduire. Presque tout y est absurde, mais avec quelques vues plus pénétrantes jetées çà et là. »

Dans cet ouvrage si accueillant à toutes les doctrines — non pas seulement à l’astrologie, mais à l’orphisme, au platonisme, au stoïcisme, au mysticisme, pour peu que l’auteur y trouve telle interprétation heureuse des rites cultuels — Porphyre a quelques paroles fort dures à l’égard de ceux qui se refusent à comprendre la signification véritable des images et des statues. J. Bidez[1] estime qu’il vise les chrétiens (en même temps que les Juifs) au début même de l’opuscule, là où il parle de « ces gens complètement ignorants (τοὺς ἀμαθεστάτους) qui, aussi stupides devant une statue qu’un illettré devant l’inscription d’une stèle, n’y comprennent rien et n’y voient pas autre chose que de la pierre, du bois et du métal ». — Certes, les philosophes et les lettrés païens ne s’étaient pas fait faute, eux non plus, de railler la dévotion aux images[2]. Mais il est douteux que Porphyre eût osé appliquer cette épithète « ἀμαθεστάτους » à un Plutarque, à un Lucien, ou même à un Démonax. Les chrétiens avaient hérité des Juifs l’horreur de « l’image taillée », le mépris et la peur des idoles, où ils soupçonnaient que parfois se dissimulaient les démons ; et l’un de leurs arguments favoris, c’était le ridicule du geste adorateur qui montait vers une matière inerte[3].

Il est vraisemblable que Porphyre écrivit ces deux

  1. P. 21. M. Bidez a donné en appendice le texte du traité.
  2. Voy. l’excellent chapitre de Charly Clerc, Les théories relatives au culte des images chez les auteurs grecs du iie siècle après Jésus-Christ, Paris, s. d. [1915], p. 89-124.
  3. Clerc, Ibid., p. 124 et suiv.